Laisse moi
t'expliquer. Pendant ce qui me semblait être une éternité, j'ai été
bercée par une mer azurée et calme, qui pouvait s'apparenter à un
bonheur translucide mais bien réel, et chaque fois que la houle semblait
se former, la perfection du moment, de l'instant, prenait le dessus et
n'interrompait jamais cette plénitude affolante. Et puis, sans crier
gare, je me suis sentie attirée par une force incontrôlable, une
aspiration puissante, et en quelques secondes à peine, je me retrouvais
au sommet de la vague qui s'était formée en une fraction de seconde. Et
de cette hauteur, je voyais le monde. Le monde tout entier, la beauté du
paysage. Un peu comme si cela avait été ma dernière faveur. Puis, à
mesure que mon corps immobile était entraîné vers le sol, la brume
s'épaississait et me brûlait les yeux. La collision entre la vague et le
sol fracassa mon corps tout entier, et alors que mon cadavre était
traîné par les convulsions de cette mer en furie, mon âme, brisée,
atteignit le paroxysme de ma douleur.